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Politique agricole commune. La Pac rate son cap vert

Extraits de la publication Que Choisir du 28 octobre 2020

Les bases de la future Politique agricole commune (Pac) ont été posées la semaine dernière à Bruxelles, par les États membres et le Parlement européen. Les soutiens aux agriculteurs sont « verdis » mais la transition environnementale s’avère très insuffisante.

Opposition persistante entre productivité et environnement

 

Comme lors des réformes précédentes, les tenants d’une agriculture intensive (défendue en France par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) se sont opposés aux défenseurs d’une production plus écologique et moins industrielle (défendue par l’UFC-Que Choisir, aux côtés de la plateforme Pour une autre Pac, à laquelle appartient la Confédération paysanne) – cette fracture se calque à peu près sur les divergences politiques droite/gauche-verts.

Si tous les acteurs reconnaissent que la transition environnementale est nécessaire et qu’il faut l’accompagner, ils divergent sur son ampleur et les moyens à lui consacrer, et sur le juste équilibre entre économie et environnement.

Quelle vision s’est imposée cette fois-ci ?

Les parlementaires et une partie du monde agricole se félicitent d’un texte équilibré, mais les ONG et les écologistes estiment que le virage vers une agriculture plus résiliente et respectueuse de l’environnement a été raté.

Le Green Deal passe à la trappe

 

Mais le Grand Soir vert n’a pas eu lieu, et la Pac reste une politique globalement productiviste, même si elle prend davantage en compte des enjeux environnementaux.

Les négociations, entamées il y a deux ans, n’ont pas tenu compte du Green Deal dévoilé en grande pompe par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, en juin dernier.

Ce projet de développement de l’Union européenne (UE) contient pourtant un ambitieux volet sur l’agriculture et la biodiversité. Intitulé « De la fourche à la fourchette », il a pour objectifs de développer le bio (à hauteur de 25 % des surfaces cultivées), de réduire de moitié l’usage des pesticides sur les cultures et des antibiotiques sur les animaux, ou encore de baisser de 20 % l’utilisation des engrais d’ici 2030.

Ces mesures ne figurent pas dans la réforme de la Pac… À cette aune, le Green Deal pourrait bien n’être que du greenwashing(1).

Les grandes étapes de la Pac

 

La Pac est l’une des politiques fondatrices de l’UE et la principale commune à tous les États membres. À ce titre, elle constitue son premier poste de dépenses, plus du tiers du budget européen lui étant consacré (58 milliards d’euros en 2020).

 

Elle est renégociée tous les 5 à 7 ans.

 

► Création en 1962

La Pac a pour mission d’apporter l’autosuffisance alimentaire à une Europe appauvrie par la guerre, en soutenant les exploitations européennes et en protégeant le marché commun des importations à bas prix. Avec efficacité : dès les années 1980, certaines filières, comme le lait, sont en surproduction, plombant le budget agricole.

Pour y remédier, des quotas de production sont parfois instaurés.

 

► Réforme de 1992

La Pac se base sur des aides directes aux agriculteurs pour leur assurer un revenu minimal, attribuées à l’hectare ou à la tête de bétail (1er pilier).

Certains soutiens, comme les subventions à l’exportation, sont supprimés pour se conformer aux exigences de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette réforme acte un tournant libéral et une ouverture à la concurrence mondiale.

 

► Réforme « Agenda 2000 »

Introduction du 2e pilier de la Pac portant sur le développement rural, qui concerne 30 % du budget total.

 

► Réforme de 2014

 

Renforcement des mesures du 2e pilier (agroécologie, climat, agriculture biologique, zones Natura 2000…). En parallèle, la libéralisation du secteur agricole entamée en 1992 se poursuit.

 

(1) Le greenwashing, ou en français l’éco blanchiment, consiste pour une entreprise à orienter ses actions marketing et sa communication vers un positionnement écologique. C’est le fait souvent, de grandes multinationales qui de par leurs activités polluent excessivement la nature et l’environnement. Alors pour redorer leur image de marque, ces entreprises dépensent dans la communication pour « blanchir » leur image, c’est pourquoi on parle de greenwashing.


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